L'Analyse Transactionnelle
Introduction
L’AT est une théorie qui rend compte du fonctionnement psychologique de l’être humain dans ses différentes dimensions. Ses concepts permettent d’explorer comment chacune d’entre elles se constitue et fonctionne, mais aussi, et c’est une des forces de l’AT, comment ces différentes dimensions s’articulent entre elles dans la vie de chaque personne :
- La dimension de son développement et de sa relation à lui-même dans ses aspects conscients et inconscients ;
- La dimension de sa relation à l’autre (aspects émotionnels, cognitifs et corporels) ;
- La dimension de son fonctionnement au sein des systèmes et des systèmes entre eux (familles, équipes, groupes, organisations).
L’AT, ce ne sont pas que des cercles et des triangles. Elle est souvent évoquée d’une manière simpliste, voire caricaturale, ce qui en gomme tout à fait la richesse, la profondeur et l’intérêt.
L’idée première de Berne, son fondateur, est que l’humain ayant besoin depuis le début de sa vie de structure, de reconnaissance et de sens, « enregistre » ce qu’il vit sous 3 formes :
- ce qui se passe autour de lui dans sa famille, son environnement culturel et social,
- ce qu’il vit en réaction à cela,
- ce qui le conduit à adopter des réactions émotionnelles, cognitives et comportementales pour pouvoir avancer dans la vie.
Ces « enregistrements » dont la plupart sont inconscients, sont organisés dans sa psyché sous forme d’une sorte d’histoire, inconsciente, que Berne a appelée le « scénario ».
C’est donc à partir de son scénario que l’être humain entre en relation avec les autres, se positionne dans des groupes… se considère lui-même et avance dans la vie. Cela se traduit notamment par les « jeux psychologiques » qu’il engage avec les autres.
Le scénario de certaines personnes peut être très limitant et les conduire à des répétitions de situations problématiques.
Cette théorie a donné lieu aux développements de pratiques spécifiques à chaque secteur : psychothérapie, conseil, éducation, organisations.
Les différents niveaux de concepts, reliés à une même théorie font de l’AT une théorie qui génère un langage permettant aux professionnels des différents secteurs d’échanger à partir de repères communs tout en gardant leur spécificité et la profondeur de leur expertise. Et comme l’AT a développé des concepts utiles à l’analyse de l’articulation entre les différents niveaux de fonctionnement, elle favorise également, s’il y a lieu, la construction d’ interventions conjointes.
Les bases de l’AT ont été élaborées dans les années 50-60 par son fondateur Eric Berne. Ses fondements font l’objet de constantes recherches et de développements en lien avec l’évolution des connaissances sur le fonctionnement humain.
Spécificités de l’analyse transactionnelle :
- la possibilité du travail thérapeutique en groupe.
- la clarté et la transparence dans le partage des concepts, dans les attitudes de l’intervenant et dans l’utilisation d’un langage accessible et éminemment clair.
- l’aspect contractuel : le client spécifie ses objectifs de manière aussi explicite que possible, et ensemble, intervenant et client orientent leurs actions conjuguées vers un but préalablement défini.
- le modèle décision-redécision qui remplace le modèle maladie-guérison.
- l’autonomie définie au départ de sa position existentielle “je suis OK – vous êtes OK”, attitude d’ouverture à soi et aux autres permettant une rencontre optimale, consciente, spontanée et intime.
Mise en œuvre par des personnes qualifiées, l’Analyse Transactionnelle peut constituer un réel levier d’amélioration et de changement dans tous les domaines liés en grande partie à la qualité des relations humaines.
En tant que discipline psychothérapeutique, l’application de l’Analyse Transactionnelle touche une grande variété de troubles de la personnalité et de problématiques psychologiques ou relationnelles. En éducation et en conseil, elle peut s’appliquer dans une multitude de domaines professionnels : scolaire, social, paramédical, humanitaire, judiciaire,…
Dans les organisations, l’Analyse Transactionnelle peut servir à la gestion des ressources, à la diplomatie, au management…
La déontologie professionnelle, les normes de formation, de certification et de pratique de l’Analyse Transactionnelle, sont édictées par l’EATA (European Association for Transactional Analysis) et par l’ITAA (International Transactional Analysis Association).
Le processus de qualification en AT est hautement structuré et a pour but de conférer à son exercice les garanties de qualité. Il est demandé aux candidats qu’ils se forment de manière active et régulière, selon un cursus rigoureusement déterminé, et qu’ils satisfassent à un examen, écrit puis oral, devant un jury international. Seules les formations données par des formateurs agréés sont certificatives.
Différentes écoles
L’AT est une école intégrative. Elle n’a cessé d’évoluer depuis sa conception par Eric Berne. Les successeurs ont réintroduit la dimension de l’inconscient et notamment les notions de transfert et de contre-transfert.
Eric Berne, psychiatre, a pris distance avec le courant psychanalytique et s’est orienté vers un modèle cognitivo-comportemental. Il s’agissait pour lui et pour ses premiers collaborateurs de comprendre les difficultés à travers le dialogue thérapeutique, de soutenir ce dialogue par des schémas et des explications. Le client était invité à expérimenter de nouveaux comportements notamment dans le groupe thérapeutique et entre les séances. Claude Steiner fait partie de cette école.
Sous l’influence de la Gestalt, Bob et Mary Goulding ont apporté, dans les années 60, leur conception et leur pratique. Ils ont amené la notion de «re – décision scénarique» notamment à travers un travail émotionnel.
L’école des Schiff se caractérisait par la prise en charge totale du client dans une communauté thérapeutique en vue d’un reparentage. Cette pratique est actuellement abandonnée. Le courant est également à l’origine de notions telles que les méconnaissances ou la symbiose.
Bill Cornell et Richard Erskine ont voulu ajouter la dimension corporelle dans le travail thérapeutique pour faire le lien entre esprit, émotion et corps.
Ce courant naît du courant psychanalytique de l’AT. Helen Hargaden, Charlotte Sills et Bill Cornell mettent en avant le système client-thérapeute et les liens qui se tissent dans cette dyade.
Principalement représenté par Erskine et Trautman, ce courant intègre de multiples approches (comportementale, thérapie familiale, gestalt, psychothérapie corporelle, relation d’objet, …).
James et Barbara Allen se centrent sur les récits de vie multiples qui évoluent au fur et à mesure des thérapies (souvent tristes au début de la thérapie à plus joyeux). «Changer le scénario équivaut à créer une nouvelle histoire»
Summers et Tudor insistent sur la co-construction dans la relation ici et maintenant. Ces deux auteurs sont très proches du courant relationnel.